26 mai 2009

NON, VOUS NE PERDEZ JAMAIS DU TEMPS !

Partez à la recherche de ce que vous avez fait de votre temps

« Perdre du temps », quelle drôle d'expression ! Comme je l'ai déjà écrit dans un article paru en septembre 2008 : « Le temps est la seule chose que l'on ne peut pas perdre ». On peut perdre un stylo, un portefeuille, un ami… mais le temps, non. Il est toujours là avec moi, pas de risque de le perdre…

Certes Proust est bien parti à sa recherche, mais il visait là le temps passé, le temps révolu, celui dans lequel nous nous noyons comme dans un brouillard. Il est allé fouiller les arcanes de ses souvenirs jusqu'à retrouver ce temps perdu.

Aujourd'hui, quand on parle de temps perdu, on parle de temps présent.

Notre société est malade de « présentisme » : elle ne pense plus que dans l'instantané, dans l'immédiat, dans l'urgence. Mais est-ce encore de la pensée ?

Est-ce au moins de l'action ? Si l'on entend par action, capacité à entreprendre quelque chose, je crois que le plus souvent, ce n'est pas non plus de l'action, mais juste de l'agitation, de l'effervescence, de la dispersion.

On confond mouvement et avancée, déplacement et progression.

Les gens qui courent pensent qu'ils gagnent du temps. Mais pendant qu'ils courent, que font-ils d'autres que courir ? Et ce temps « gagné » que vont-ils en faire ? Car on ne gagne pas de temps, on ne perd pas de temps, on fait une chose ou une autre.

Quand je choisis de me déplacer plus lentement, comme je n'ai pas besoin de consacrer mon attention à mon déplacement, je peux profiter de ce temps pour lire, discuter ou simplement réfléchir. Qui gagne du temps ? Celui qui court ?

Je crois que cette phobie collective liée à la perte du temps, à quelque chose à voir avec cette maladie du « présentisme » : nous ne vivons plus qu'au présent, présent qui nous échappe et que nous avons le sentiment de perdre constamment. Alors plutôt que de nous remettre en cause, nous accusons ce temps qui nous échappe, sans voir que ce n'est pas le temps qui nous échappe, mais ce que nous en faisons.

Ce que nous perdons, ce n'est pas du temps, mais notre vie.

Et si chacun prenait le temps de se poser, et partait à la recherche non pas du temps perdu, mais de ce qu'il a fait du temps qu'il avait…

3 commentaires:

Ch. Bergé a dit…

Bonjour,

Je suis tout à fait d'accord avec ce que vous dites ici sur le faux constat de "perdre du temps".

Tout d'abord, je le relie aux autres articles que vous avez écrits sur l'utilisation de notre cerveau, qui travaille en continu, "tout le temps", sans que nous ne nous en rendions compte. C'est à nous de savoir utiliser ses capacités, plus étonnantes les unes que les autres...

Parallèlement, votre article me fait aussi penser à une autre "convention" qui est celle de devoir "être sur son chemin", avec toute sa rhétorique : "Suis-je bien sur mon chemin ?", "Est ce bien LE chemin ?" (le chemin le plus court et le plus rapide, cela va sans dire ! ;-)), etc.

Pour ma part, je réponds : "Où voulez vous que je sois, si ce n'est sur mon chemin ?", "Je suis mon chemin !" (avec le verbe être ou le verbe suivre, c'est vous qui voyez !), de la même manière, finalement, que vous avez pour votre part expliqué : Comment voulez-vous que je perde ou gagne du temps alors qu'il est là, disponible, maintenant... Et que j'en fais forcément quelque chose, de plus ou moins valable, précieux ou "payant" à mes yeux...

Merci de nous proposer de revenir à nous-mêmes (quel beau double-sens, là aussi !) et à la responsabilité de nos choix dans ce que nous faisons de notre temps.

Robert Branche a dit…

Effectivement, "où voulez-vous que je sois, si ce n'est sur mon chemin" !
J'ai aussi l'habitude de répondre à la question : "Pourquoi sommes-nous là ou faisons-nous cela ?", par "Parce que nous sommes là et faisons cela"...

Ch. Bergé a dit…

excellent... :-)))