26 juin 2009

SE CRÉER UN COMPOST MENTAL POUR POUVOIR INNOVER

Accepter de passer du temps pour rien… du moins apparemment !

Mon livre Neuromanagement est largement « né par hasard ». Qu'est-ce à dire ?

Bien sûr que son écriture à proprement dite a été un acte volontaire ! Mais sa naissance a été involontaire. Comment cela s'est-il passé ?

Tout a commencé par un dîner au cours duquel un ami m'a parlé des neurosciences : depuis qu'il était à la retraite, il avait assisté à des conférences en France et aux États-Unis, rencontré un bon nombre de chercheurs, lu leurs livres et avait amorcé une réflexion personnelle. A l'issue de cette discussion qui m'avait passionné, il m'a envoyé un mail avec les livres à lire en priorité (Damasio, Ledoux, Naccache et … Spinoza).

Je me suis alors plongé dans cette lecture sans autre raison que la curiosité. Au milieu de ce « chemin », ceci m'a rappelé la vision de la mémoire qui émane de « A la recherche du temps perdu » de Marcel Proust, une mémoire qui se compose et de recompose sans cesse. J'ai décidé alors de faire une pause et de relire Proust. Vraiment rien de logique donc. Une forme de promenade…

Fin 2007, j'avais fini cette plongée et, sans y prendre garde, cela avait été intégré dans mon activité professionnelle. En effet, je me suis mis, au début quasiment involontairement, à me servir des neurosciences comme une clé de lecture pour penser le management : comme un individu, l'entreprise est largement mue par ses processus inconscients et son efficacité repose sur le mariage entre processus conscients et inconscients.

Un jour de mi-février, au cours d'un déjeuner avec un responsable d'entreprise auquel je parlais de ceci à bâtons rompus, il m'a dit :

« Tu sais que tu as un livre.

- Non, ce sont juste des idées, lui répondis-je. »

En sortant du restaurant, je repensais à son propos. Et après tout ? Je suis allé dans un café et ai ouvert mon ordinateur. Une heure après, j'avais un plan. Une semaine après, cent pages. J'ai alors croisé un camarade d'école, ai appris qu'il avait monté une maison d'édition et était intéressé par mon livre potentiel. C'était parti !

A partir de là, je me suis organisé pour mener à bien ce projet.

Je crois que ce déroulement est assez représentatif de ce que peut être un processus d'innovation en univers incertain et aléatoire : se garder du temps non finalisé, c'est-à-dire du temps au cours duquel on va pouvoir faire des choses sans savoir pourquoi exactement et accumuler ainsi des informations et des expériences. Laisser tout ceci incuber dans un « compost mental » en le laissant se confronter à sa vie quotidienne. Il se produit alors une « fermentation mentale » qui va transformer cet amas en un « engrais intellectuel » qui va faire pousser de nouvelles idées.

Finalement l'innovation est le fruit d'une maturation largement inconsciente et d'une émergence…

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Pour commencer bravo pour votre blog, je le lis depuis une semaine et vos réflexions me passionnent (il serait peut-être temps pour moi d'acheter le livre).
Je suis tout particulièrement d'accord avec ce post et je voudrais ajouter une précision. Ce compost mental est, je pense quelque chose de tellement inconscient, qu'il est trop souvent négligé quand on pense à la façon dont fonctionnent/travaillent les gens. Je me rends souvent compte, dans mon travail (je suis ingénieur informaticien) qu'une tâche qui me parait conséquente en réflexion se révèle souvent simple si je le repousse de quelques semaines. Je suis persuadé que j'y réfléchis inconsciemment et que je jour où je m'y mets la plus grosse partie du travail est déjà faite.
Ceci dit, je ne me vois pas expliquer cela à mon employeur !

Robert Branche a dit…

C'est là où je peux - peut-être ? - être utile, car mon projet est bien d'expliquer cela aux dirigeants.
Ce sera un des thèmes centraux d'un prochain livre prévu pour début 2010

Anonyme a dit…

Bonjour,

Même si effectivement, ce compost mental est et sera toujours nécessaire, le traitement dans l'urgence de la plupart des entreprises et assez incompatible avec cela.
En effet, et c'est là le problème, notre modèle de société est à construire ou à reconstruire, les loisirs peuvent être une façon d'être plus performant. Par exemple le sport oblige à la maîtrise du corps. Maitrise qui peut aider dans certain cas à gérer le stress.
De même, une activité créatrice (musique, dessin) peut développer l'imaginaire qui va permettre peut-être de créer les produits de demain.

Ok, cela est vrai, mais dans un monde merveilleux où tout le monde fait ce qu'il veut.
Et franchement, je ne suis pas sur que ce monde existe, sauf à être en haut de la pyramide et pouvoir se permettre ce que le bas ne peut pas.

Très cordialement,
Philippe

Robert Branche a dit…

oui je suis d'accord avec vous le mode de fonctionnement des entreprises aujourd'hui n'est pas directement "compatible " avec la création de "compost"...
C'est pour cela que je cherche à faire évoluer le système au niveau du management.
Ceci dit (ou plutôt écrit !), il y a des marges de manœuvre dès à présent. C'est le propos de mon article de ce jour : "Apprenez à braconner du temps libre"