10 août 2009

DES ROUES QUI SE DÉVELOPPENT, MAIS CASSENT…

Histoire de caverne (Saison 2 – Épisode 5)

Johnny vient d'apporter une révolution majeure avec la première offre intégrée « roue-disque », ou l'intégration industrie-finance. Comment puis-je résister avec mes seuls disques ?
« Ne perdons pas notre calme et analysons la situation froidement, me dis-je à moi-même. Certes, Johnny est très astucieux et son offre est plus que maline. Mais il ne s'attaque – au moins pour l'instant – qu'à ceux pour lesquels le déplacement de charges lourdes est important, ou à ceux qui sont fous de nouveauté – comme Jojo –. Pour le reste, mon offre de billes reste la plus attractive. »
Mes billes inspiraient confiance, nous avions assez travaillé là-dessus avec Jojo : les disques, c'était l'aventure ; les billes, la sécurité. Et, au moment de placer le résultat de sa dernière chasse de mammouths ou de préparer une cagnotte pour sa fille, c'était l'essentiel.
Et puis j'étais le plus grand possesseur de disques. J'avais tiré la leçon de ce qui s'était passé quand Johnny avait failli me déstabiliser à partir de son stock de billes (voir épisode 6 de la saison 1). Donc si jamais les disques en venaient à reprendre de la valeur, je serai le premier bénéficiaire.
Oui, mais je n'aimais pas cela. Cette montée en puissance de Johnny était trop rapide. Je ne pouvais pas le laisser prendre pied ainsi. Il allait falloir l'arrêter tout de suite avant qu'il ne soit trop tard.
Il me fallait pour cela plus d'informations sur ces roues. Hector, il fallait que j'aille le revoir et parler à son fils.

Quelques minutes plus tard, j'étais de retour chez Hector. Coup de chance, Damien, son fils venait d'arriver :
« Cela te plait ton travail chez Johnny, lui dis-je ?
- Oui, j'aime bien, me répondit Damien. Je vois du pays, je suis dans une activité technologique et je suis bien payé. Qu'est-ce que je pourrais demander de plus.
- Il doit bien y avoir des problèmes quand même. Je n'arrive pas à croire qu'une révolution pareille se passe sans aucune difficulté. Dis-moi en un peu plus sur ces roues.
- Non, je ne peux pas. Je suis vraiment désolé. J'ai signé une clause de confidentialité en prenant mon travail. Vraiment, je ne peux rien te dire. »
Furieux, je regardais Damien, puis Hector. Un mur face à moi. Inutile d'espérer lui en faire dire plus. Je finissais rapidement mon verre et sortis en maugréant.
« Il faut que je trouve un moyen d'en savoir plus, pensai-je. Thomas, mon fils, est un ami de Damien. Peut-être que lui obtiendra plus. »
Thomas avait bien grandi depuis qu'il s'amusait à jouer avec mes pierres sans en comprendre leur valeur. Il occupait maintenant un poste clé dans mon organisation : il était responsable de notre stock de billes et intervenait pour en acheter ou en revendre et réguler ainsi le marché des billes.
« Thomas, j'ai besoin de toi. Il faut que tu fasses parler Damien. Trouve-moi le point faible des roues.
- Facile, si tu m'autorise à lâcher quelques billes à Damien. Il est toujours à cours de pierres.
- Pas de problème »
Deux jours plus tard, je vis Thomas arriver avec un grand sourire.
« Cela m'a coûté une bonne cuite, mais j'ai ta réponse. Il y a bien un point faible, mais je ne sais pas ce que tu vas pouvoir en faire.
- Ça, c'est mon problème. Dis-moi ce que tu as trouvé.
- Eh, bien, fréquemment, les axes – c'est comme cela que Johnny appelle les morceaux de bois qui relient les roues en pierre – cassent. Et l'autre jour, c'est arrivé alors que Damien avançait à fond de mammouth. Résultat la table en pierre qu'il devait livrer est tombée et s'est cassée. Et il paraît que pas mal de clients commencent à se plaindre, qu'ils soient utilisateurs des services de livraison express ou qu'ils aient acheté des roues. Voilà, ce que j'ai trouvé.
- Merci, Thomas. »
Je n'ai rien dit de plus, mais je ne voyais pas bien quoi en faire. Comment tirer parti du fait que les axes cassent ? Tout le monde le savait, et même si des clients râlaient, cela ne les empêchait de revenir. Alors ?
Ils revenaient, mais ils avaient perdu des pierres – disques ou billes, peu importait –, et cela me faisait de la peine. Pour eux et pour moi. Je n'aimais pas voir gaspiller de l'argent comme cela.
A minimum, il faudrait qu'ils n'aient pas tout perdu. Mais cela s'était impossible.
D'un seul coup, j'eus une idée : « Ils vont tout perdre, pensai-je, sauf si … »

(à suivre)

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