28 déc. 2009

QUE FAIRE DE SON TEMPS LIBRE ET DE SON ARGENT ?

Histoire de caverne (Saison 4 – Épisode 1)
Rappel (rapide) des saisons précédentes : Nous sommes à l'époque lointaine des cavernes. Pendant longtemps, moi, Bobby le financier, et mes amis et autrefois rivaux – Johnny, le roi de l'industrie et de l'invention, Jojo le devin et Paulo le magicien, les deux rois de la prévision –, avions régné dans le monde des cavernes. Mais avec l'arrivée de Jordana et la découverte de Christina, la chef d'un monde inconnu au-delà du bout du bout du monde, c'est-à-dire de l'autre côté des montagnes, nous avons dû partager notre pouvoir. Cela ne s'est pas fait sans heurs : un moment grâce à la sophistication des modèles prévisionnels construits par mon fils, Thomas, nous avons crû pouvoir les battre. Mais nous avions dû nous rendre à l'évidence, seule, la collaboration était possible. Elle fut fructueuse, et finalement, les affaires de chacun se sont développées. Tout serait donc parfait si Isabella, une laissée pour compte de notre cartel, n'avait décidé de mettre à mal notre système. Elle venait de mener une attaque simultanée sur deux fronts : elle venait de faire exploser la bulle de spéculation immobilière, m'obligeant à me retrouver propriétaire d'une multitude de cabanes sans valeur ; elle avait poussé les chimpanzés et les gorilles, maillon indispensable pour le bon fonctionnement des piles de cabanes (ils assurent la montée et la descente des habitants, comme de tous leurs colis ou paquets), à se mettre en grève. Ils venaient d'obtenir une augmentation substantielle. (Pour plus de détails vous pouvez lire la saison 1, la saison 2 et la saison 3 – pour cela, cliquez sur le lien de la saison correspondante).

Coco était mort de rire : Il n'en revenait pas du tour qu'il venait de jouer à Christina, et à ce Johnny qui ne la quittait plus guère. Coco était, comme il aimait à la répéter, le chef des gorilles. Si jamais, l'un de ses congénères levait un peu trop son cri ou bombait un peu trop fort le torse, Coco avait vite fait de le remettre en place. Être chef était une affaire de famille : on était chef de père en fils dans la sienne.
Quand il repensait à tout ce qui s'était passé en quelques mois, il n'en revenait pas. Il n'y a encore pas longtemps, lui et les siens vivaient durement dans la forêt. La survie supposait un combat quotidien.
Puis était arrivé Johnny, qui, très vite, s'était mis en tête d'empiler les cabanes, les unes au-dessus des autres. Il avait eu besoin des services des gorilles. Bien sûr, Coco n'était pas dupe, Johnny avait cherché à les exploiter. Mais c'était déjà mieux que la situation précédente : en montant ou descendant quelques humains par jours, en assurant en complément le service de livraison, les gorilles avaient largement de quoi vivre. 
Avec son importation de chimpanzés (voir « Comment casser le pouvoir des gorilles ? »), Johnny lui avait compliqué la tâche : moins facile de peser dans les négociations avec ces demi-portions toujours prêts à travailler beaucoup plus pour ne gagner qu'un tout petit peu plus en échange.
Mais c'était maintenant terminé grâce à l'intelligence d'Isabella. Géniale, cette femme ! Avoir réussi à nous mettre d'accord avec les chimpanzés, avoir mis en place la CGC – Confédération des gorilles et des chimpanzés -, avoir créé ce réseau de communication entre les deux bouts du monde (en parallèle du réseau fonctionnant grâce à des signaux lumineux mis en place par Bobby et Johnny, la CGC a son propre réseau reposant lui sur des signaux sonores relayés par des chimpanzés), tout cela avait permis la grève générale.
Au bout d'un conflit finalement relativement court – seulement un mois -, ils avaient eu gain de cause sur toutes leurs revendications : deux jours de repos par semaine, deux semaines de congés payés par an, augmentation du salaire de 20%. Comme Coco venait en plus d'être élu Président de la CGC, comme il touchait un pourcentage sur tous les gains des gorilles, c'était royal !
D'où l'hilarité actuelle de Coco. Mais, très vite, il eut comme un vide dans la tête : qu'allait-il bien pouvoir de ce temps libre et de tout cet argent ? Les bananes pourrissaient déjà dans ses placards. Alors que faire ?

A l'autre bout du monde, dans ma grande caverne, je tenais un conseil de guerre.
« J'ai rendez-vous dans une heure avec Isabella, disais-je. Donc, nous sommes bien d'accord sur la marche à suivre.
- Oui, répondirent en cœur Jojo et Paulo qui se trouvaient à mes cotés. »
Johnny, lui, n'était pas avec nous : il était avec Christina au milieu des arbres. Il fallut attendre que ma question arrive jusqu'à lui grâce à Internex (c'est le nom de baptême que mon fils Thomas avait donné à notre réseau de signaux lumineux, réseau dont il assurait la direction depuis qu'il avait pris la présidence de l'Écho du monde, mon groupe de presse et de communication. Personne n'avait bien compris pourquoi il avait choisi ce nom – lui non plus –, mais comme cela n'avait aucune importance, nous n'allions pas le contrarier pour si peu). Puis sa réponse prit le chemin inverse. Cinq minutes en tout furent nécessaires, un temps ridiculement court.
« OK pour nous aussi, répondit Johnny. Simplement peux-tu nous reconfirmer les termes de la plateforme de discussion.
- L'idée est simple : faire rentrer d'une façon ou d'une autre Isabella dans nos affaires. Tant qu'elle restera à l'extérieur, elle sera une source de problèmes. Or j'ai déjà assez de mal avec toutes les cabanes que j'ai sur les bras, et la multiplication des billes. Je vais voir si je sens une ouverture de son côté. »
Au fur et à mesure de mes paroles, un chimpanzé émettait un signal lumineux qui partait dans le ciel. Heureusement, le soleil brillait, sinon nous aurions dû annuler notre réunion. Pas de soleil, pas d'Internex en état de marche. Pas d'Internex, pas de communication avec Johnny et Christina.
« Et je viens avec toi, compléta Jordana »
« Oui, et cela ne me plaît guère, pensai-je ». Je n'avais pas pu faire autrement que d'accepter sa présence…

(à suivre)

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