15 mars 2011

NOUS NOUS SOUVENONS DES CHOSES COMME NOUS TRANSPORTONS LES ARMOIRES

Nos souvenirs sont découpés en petits morceaux
Que fait-on pour transporter une armoire ? On la démonte. Pourquoi ? Parce qu’elle passera plus facilement par les portes et les escaliers. Parce qu’elle tiendra moins de place dans le camion. Attention simplement de ne pas perdre de pièces pendant le voyage.
Et à l’arrivée, reste à la remonter. Si jamais on n’a pas numéroté les pièces, si l’on n’a pas noté comment elles s’emboitaient les unes dans les autres, cette étape risque d’être difficile, voire impossible.
Ce mode de déplacement est aussi celui employé sur internet : l’information, comme l’armoire, voyage démontée, avec annexée la liste comprenant le nombre de pièces et comment on doit les assembler.
Et notre mémoire, comment fonctionne-t-elle ? Avons-nous, dans un coin du cerveau, toutes les informations stockées, bien rangées, les unes à côté des autres ? Notre cerveau contient-il un « bibliothécaire » qui classerait chaque souvenir comme un livre et irait le chercher ensuite au bon moment ?
Non, pas du tout, nous stockons les souvenirs comme nous transportons les armoires, nous les démontons. Chaque souvenir complexe est décomposé en un grand nombre d’éléments : la bande-son va se loger dans la partie du cerveau associée à l’audition, les images dans celle associée à la vue, etc. Et chacune de ces sous-informations peut être elle-même éclatée en plusieurs éléments.
Du coup, nous optimisons l’espace mémoire, et tout est bien rangé, au bon endroit.
Est-ce donc un système parfait ?
(à suivre) 

1 commentaire:

Le Blog de Paule Orsoni a dit…

Pour se représenter le fonctionnement de la mémoire que tu proposes ,on pourrait utiliser cette image numérique de nos téléviseurs,qui lorsqu'elle se fixe à un moment donné ,en raison d'un problème quelconque, se présente à nous fragmentée ,colorée et impressionniste.Au fond ,tout est là en bloc et nous pourrions pourtant distinguer "ce grand nombre d'éléments " à la fois solidaire,compact et démultipliables.Ces sous-ensembles de l'ensemble peuvent donc émerger ,selon les besoins,ou parfois malgré nous lorsqu'un objet-souvenir traverse la conscience en l'assaillant telle une fulgurance.On pourrait donc envisager cette déconstruction du souvenir comme moyen de sauvegarde ,paradoxalement.C'est un genre de tri sélectif dans la mémoire-réceptacle et globale qui permet,somme toute de sauver les meubles...Il en va de nos souvenirs comme des armoires démontées si l'on envisage de survivre à notre passé et avec lui,pourvu qu'il soit décomposé pour passer les portes de l'oubli...