21 mai 2012

ALLONS ZENFANTS DE L’APATHIE !

Refusons les pseudos potions magiques du « Produire en France »
Le 6 octobre dernier, le club des Ponts tenait une conférence « Produire en France : le déclin de l'industrie manufacturière en France : Une réalité ? Une fatalité ? ». Peu après, c’était le sujet central de la campagne présidentielle. Pour ceux qui douteraient du caractère précurseur des Ponts, quelle démonstration !
Se poser la question de l’emploi industriel en France est incontestablement pertinent : l’industrie n’y représente plus en 2009 que 19% du PIB, contre 20% aux USA, 21% en Grande Bretagne, 25% en Italie, 27% en Allemagne et au Japon1. Seuls, le Luxembourg et la Grèce font moins avec 12 et18%.
Aussi fini les querelles partisanes, soyons tous unis derrière le drapeau bleu-blanc-rouge, et, haro sur la Bastille asiatique, faisons tomber les têtes des aristocrates vendus à la mondialisation.
Mais avant de nous lancer tous ensemble dans cette reconquête, sommes-nous si sûrs de la potion magique concoctée ?
Les Panoramix en mal d’élection ont sensiblement la même recette : un tiers de politique industrielle, un tiers d’allégement du coût du travail, et un tiers de soutien aux PME.
Probablement à cause de mon inculture économique et politique, j’ai l’impression que cette potion n’est pas si magique, et que notre village gaulois n’a pas grand chose à en attendre :
-    Comment une planification centrale pourrait-elle être la réponse pertinente à la montée de l’incertitude ? Accoucherait-elle vraiment de stratégies meilleures que celles inventées par les entreprises ?
-    Puisque un Français moyen gagne en 2010, quatre fois plus qu’un Brésilien, neuf fois plus qu’un Chinois et vingt-sept fois plus qu’un Indien2, de combien faudrait-il baisser le coût salarial ? Et que pensez du fait que, selon l’OCDE, la France était en 2005 en tête en matière de productivité horaire du travail3, et, selon KPMG, en 2010, largement devant les États-Unis et l’Allemagne pour ses coûts d’exploitation4 ?
-    Quant à la politique d’aide en faveur des PME, comme on en parle à chaque élection, pourquoi cette fois serait la bonne ? Tant que le transfert de propriété se fera à la livraison, et non pas au paiement, le crédit inter-entreprises pompera leur trésorerie au profit de la distribution et des banques, rendant leur croissance quasiment impossible5.
Certains Panoramix rajoutent à leur potion, la volonté de détricoter les échanges internationaux, à coup de barrières douanières et autres retours en arrière. Mais essayez donc de séparer les molécules d’un gaz une fois qu’elles sont mélangées.6
Aussi arrêtons d’accepter ce nième galimatia de pseudo-solutions, et réveillons-nous en chantant : « Allons zenfants de l’apathie ! »

2 commentaires:

Vincent a dit…

Je trouve vos articles remarquables, en particulier votre analyse sur le manque de PME en France.

Comment faire avancer vos idées? Comment les transmettre à Bercy?

Robert Branche a dit…

Merci pour ce commentaire.
J'utilise moi-même tous mes relais pour diffuser mes idées (notamment l'article de ce jour fait partie de la nouvelle revue des anciens de l'Ecole des Ponts, revue dont je suis maintenant l'éditorialiste).
Mais c'est manifestement insuffisant.
Toutes les idées pour les transmettre - notamment vers Bercy - sont les bienvenues :-)