28 sept. 2012

MOITEUR FERROVIAIRE


Promenade en terres indiennes (4)
« L’air qui passait par les barreaux des fenêtres était chargé d’humidité, comme si la nature elle aussi transpirait. Tout était eau. Les molécules d’oxygène avaient du mal à passer au travers et accédaient difficilement à ses poumons. Le couloir était rempli de corps suants, assis sur un patchwork de paquets de toutes sortes. (…)
En plus de sa sensation d’étouffement, elle détestait se voir enfermée comme derrière des grilles de prison. Le monde extérieur qui défilait sous ses yeux, lui était inaccessible, séparé par des tubes de métal qui remplaçaient le vitrage. Si seulement cela avait permis le passage d’un peu de fraîcheur…
« Je ne supporte plus d’être recluse comme cela, dit-elle à Jean en se tournant vers lui.
- Calme-toi. C’est toi qui as voulu voyager dans ces conditions. Alors détends-toi, et à défaut d’apprécier, ce que je comprends tu n’arrives pas, dis-toi qu’il y a pire. Imagine-toi par exemple être vraiment en prison. Ces barreaux ne seraient pas là pour quelques heures, mais pour des années !
- Tu en as de bonnes ! Maintenant, pour m’aider à supporter ce qui se passe en ce moment, tu veux m’enfermer à vie !
- Tu sais très bien que ce n’est pas ce que j’ai dit. Pour ta gouverne, ces barreaux ont une utilité. Ils sont là pour empêcher que des passagers clandestins ne pénètrent lors des arrêts en gare, ou que des voleurs à la tire ne s’en prennent aux passagers.
- Tu tiens cela d’où ?
- D’un Indien avec qui je viens de discuter dans le couloir. Nous ne sommes pas enfermés, nous sommes protégés. Un peu comme ces maisons dont toutes les ouvertures sont garnies de grilles pour les garantir contre les cambrioleurs.
- Peut-être, mais je ne le vis pas comme cela. Pour moi, c’est nous les détenus, je ne me sens pas du tout à l’abri. A tout moment, je m’attends à voir arriver un garde-chiourme. » »

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